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Les Puits ont une histoire...
Les puits de Sangatte sont des ouvrages d'art réalisés pour les projets successifs de tunnel sous la Manche. Il s'agit de puits forés côté français à Sangatte, à la pointe du Pas de Calais.
Puits de 1878
50° 56′ 15″ N, 1° 43′ 46″ E
Le premier projet dans la chronologie du tunnel sous la Manche a été initié entre 1875 et 1883.
Des sondages du sous-sol sont menés par l'ingénieur Labrousse et les géologues Potier et de Lapparent.
À partir de 1878, un premier puits est foré sous la direction de l'ingénieur Ludovic Breton à 90 mètres au-dessous du sol au nord du Cap Blanc-Nez, sur le territoire de Sangatte, et 1 839 mètres de galerie horizontale sont percés sous la mer (la descenderie). Les travaux sont arrêtés en 1883. Les installations sont démolies au XXe siècle et le puits est laissé ouvert mais entouré d'un mur. Il est finalement comblé et obturé d'une dalle en béton vers le début du XXIe siècle, cette dalle est toujours visible.
ZoomLes installations de surface dont le chevalement en bois. | ZoomVestige du puits entouré d'un mur après la démolition des bâtiments |
ZoomAutres vue des mêmes bâtiment montrant la haute cheminée. | Zoomle site au milieu des champs |
Puits de 1973
50° 56′ 31″ N, 1° 44′ 45″ E
Le Groupement d'études pour le Tunnel sous la Manche (GETM) est créé le 26 juillet 1957. Un appel d'offres est lancé en 1967 et le 22 mars 1971 le Groupe du Tunnel sous la Manche, composé de la Société française du Tunnel sous la Manche et de The British Channel Tunnel Company, est désigné maître d'œuvre. Le projet retenu est celui de deux tunnels ferroviaires entourant une galerie de service. Les travaux débutent en 1973 et sont prévus pour durer 10 ans. Une rampe d'environ 150 mètres de long est créée, la descenderie, et 400 mètres de galerie sont creusés à 37 mètres sous terre. Mais le Royaume-Uni traverse une grave crise économique et le gouvernement britannique abandonne le projet le 20 janvier 1975. En juillet 1975, le chantier est ouvert au public pour une dernière visite. 4 000 personnes le visitent le samedi et 10 000 le dimanche. La galerie est ensuite noyée à titre de conservation, et l'accès interdit. Le tunnelier acheté aux États-Unis pour 2 milliards de francs (environ 305 millions d'euros), arrivé en pièces détachées et monté à Sangatte, n'aura jamais servi. Lors de l'étude du projet Eurotunnel, il sera envisagé de redémarrer le tunnel à partir de cet endroit, mais l'idée sera abandonnée rapidement. La descenderie est toujours visible (mais non accessible), à quelques dizaines de mètres du puits de Sangatte construit en 1987.
La descenderie du tunnel de 1973.
Puits de 1987
50° 56′ 24″ N, 1° 44′ 36″ E
Le projet Eurotunnel, le troisième projet de tunnel sous la Manche, démarre ses travaux en 1986. À cette occasion, un nouveau puits de Sangatte est réalisé en 1987.
Il s'agit de l'un des deux puits d'accès creusés de chaque côté du tunnel (son équivalent côté anglais étant à Shakespeare Cliff), à la jonction entre les parties souterraine et sous-marine. C'est à partir de ces puits qu'a commencé la construction du tunnel, servant de points d'entrée pour le matériel (tunneliers et voussoirs) et les hommes, et d'évacuation pour les déblais.
Le puits de Sangatte est profond de 65 mètres et a un diamètre intérieur de 57 mètres. Un moyen courant de donner un ordre de grandeur de ses dimensions est de le présenter comme suffisamment grand pour accueillir l'Arc de Triomphe de Paris (h 55 × 45 × 22 mètres).
Le puits est essentiellement creusé dans une couche de craie grise et bleue du Cénomanien, surmontée de formations sablo-limoneuses du Quaternaire. Cette craie a été entreposée au niveau des Noires Mottes sur le versant du Blanc Nez, là où était la batterie Lindemann, constituant aujourd’hui une étendue d’eau qui est devenue une réserve ornithologique derrière la digue verte que l’on aperçoit de l’autre côté du chemin de la Leuléne.